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Le trait Narcissique

Dernière mise à jour : 14 déc. 2021

« Moi, personnellement », « ma vie, mon œuvre », « Moi ».


Comment ce trait fonctionne-t-il au quotidien ?


Une tendance presque systématique à tout ramener à Soi, être le héros de toutes les histoires, la comparaison automatique permettant un nouveau récit : « ah bah, moi c’est pareil quand… ».

Dans de nombreuses situations l’aplomb est surprenant et peut mettre parfois dans l’embarras : des ordres, des exigences, des scandales à couper le souffle.

C’est ce qui fait du trait narcissique un champion en termes de négociation. Propulsé par l’envie, voire le besoin d’obtenir un traitement de faveur, une attention exceptionnelle, le marchandage est une habitude, un principe, un art.

Parmi les stratégies usuellement pratiquées pour obtenir cette attention particulière : demander une faveur entre deux portes quand personne ne regarde au moment où vous avez le manteau sur le bras et l’œil sur la montre pour attraper le prochain train.

Ou encore, faire apparaître un point non attendu à l’ordre du jour, durant la réunion devant les nouveaux clients.

Nous rappeler la larme à l’œil comment elle nous a rendu service 6 mois auparavant avec tel dossier.

Attiré par tout ce qui brille, ce trait amène la personne à rechercher en permanence le contact de personnes brillantes, influentes, de pouvoir.

Du même ordre, les discours tournent souvent autour des meilleurs restaurants, les plus beaux objets, les meilleures pièces de théâtres, les meilleures marques, les sommités, les présidents, les directeurs, les choses et les gens « importants ».

Avec ces derniers, l’attitude est souvent complaisante, séductrice, parfois mièvre. L’objectif apparent est de s’en faire des alliés ou des amis, rentrer dans le cercle.

Avec les personnes qui, en revanche, ne représentent pas d’ascension ni de « plus-value », l’attitude peut aller de l’indifférence au jugement en passant par la condescendance et l’humiliation.

Une certaine propension à s’attribuer les éloges et à blâmer les fautes. Ce qui est réalisé de positif est « grâce à lui (ou elle) », ce qui est négatif « est de votre faute ».

En ce sens, sa participation, même minime, sur un dossier glorieux verra son nom apparaître en guise d’auteur.e.

L’égo, semble d’une extraordinaire fragilité. Une moindre critique, une moindre remarque peut justifier un conflit ouvert ou bien la sollicitation du patron, du chef, du copain du club, de l’ami de classe prépa, de votre N+1 pour que vous soient tirées copieusement les oreilles.

Les réseaux d’influence fonctionnent efficacement.

Il n’est pas rare que ce trait se croit atteint de maladies exotiques, graves ou mystérieuses et passe beaucoup de temps chez divers spécialistes : L’hypocondrie est fréquente.

Sur quel système de croyance se déploie ce trait ?


« Je suis meilleur.e, plus beau, plus intelligent, plus fort », « je mérite un traitement de faveur, une attention particulière », « j’ai besoin d’accéder au top, d’obtenir mieux », « les gens sont intéressés, égoïstes, jaloux », « dans la vie, il faut s’imposer, se sortir de la masse des anonymes », « perdre la face en public est le pire qui puisse arriver, la réputation est primordiale ».

La croyance d’être porteur « d’une destinée », d’une mission, d’une œuvre grandiose accompagne souvent ce trait qui, par voie de conséquence, s’attend à ce que les autres soient à son service, son écoute ou pour le moins, facilitants.

Cette hauteur ou cette importance est souvent teintée d’angoisses : la maladie, la mort, le vieillissement sont régulièrement d’importants et coûteux sujets de préoccupations.

L’angoisse d’être inconnu, ignoré, inférieur se transforme fréquemment en fureur ou en désespoir, habituellement de courtes durées.

La vision du monde est souvent tranchée entre « ceux qui font partie du gotha (ceux qui comptent) » et « les autres », les premiers sont nombrilistes, les seconds sont jaloux et n’aspirent qu’à lui ressembler.

Ce trait fait souvent vivre la personne dans une grande solitude intérieure, ne parvenant à s’entourer que de « sou fifres » n’offrant aucun répondant ou « d’égoïstes » désintéressés par sa profondeur.

D’où cela vient-il ? (Ambiance originelle)


Sur valorisation originelle de la part du bassin familial qui a loué, depuis la plus tendre enfance, la beauté, la force ou des aptitudes hors du commun.

Enfant unique, habitué à recevoir l’attention permanente des deux parents.

Origines modestes ou défavorisées desquelles la personne a souhaité se démarquer par honte ou dégoût.

Personne se pensant atteinte d’une forme d’infériorité ou de difformité (taille ou dimension d’un organe, petitesse générale).

Ou les trouvons-nous ?


Pour son talent naturel et son obsession à se mettre en avant, nous retrouvons ce trait dans toutes les sphères ou presque de la société.

Les milieux de la culture et de l’intellect satisfont souvent son goût du beau. Les milieux de pouvoir, politiques, économiques ou médiatiques, représentent un vivier de brillance et de renom.

L’éloquence et l’habileté rhétorique lui font souvent prendre des responsabilités au sein de services commerciaux, publicitaires ou de communication.

Les milieux d’achat et de vente de produits ou de services du luxe, sont sa zone de confort.

En quoi ce fonctionnement est-il difficile ?


« Toujours dans un sens » : l’aspect « unilatérale » d’une relation avec le trait narcissique peut être une source de frustration et d’agacement.

Caprice : Par habitude, la personne peut avoir intégré le fait que quand elle se plaint ou fait un scandale, elle finit par obtenir ce qu’elle désire. Les demandes saugrenues ou impossibles jalonnent parfois le quotidien.

Irresponsable : malgré toute notre prudence et bienveillance, il est souvent difficile, pour ne pas dire impossible au trait narcissique de reconnaître ses fautes et ses erreurs.

Soupe au lait : Selon les moments et les sujets, adresser la parole, suggérer des idées, faire mention de certaines réalités, revêt d’un travail d’équilibriste, de diplomate ou d’artificier pour ne pas générer une explosion tonitruante.

Humiliation, dédain, mépris : La condescendance est peut-être l’attitude comportementale la plus caractéristique du trait narcissique. A son contact, il est fréquent de se sentir inférieur, faible, déprécié.

Négociation permanente : L’un des plus grands et récurrents défis qu’implique le fait de vivre à proximité de ce trait, est l'harassant devoir de « dire non ». La limite étant souvent reçue comme inadmissible et injuste, les demandes se répètent jusqu’à l’usure.

Solitude existentielle : vrai pour toutes les dominantes égocentriques, le sentiment de solitude accompagne fréquemment la relation à ce trait.

Que ce soit du fait de l’écoute forcée des récits d’autocongratulation ou dans l’anticipation tout aussi contraignante des désirs et demandes, notre besoin de reconnaissance n’est que très rarement comblé.

Que faire avec quand nous sommes en relation ?


Éviter de lui être redevable : autant ce trait est prompt à oublier les demandes de faveurs qu’il émet, autant il saura nous rappeler pour longtemps ces services mêmes infimes qu’il nous aura rendu. Soyons réfléchis et stratégiques au moment de le solliciter.

Faire apparaître son bénéfice personnel : quelle que soit la situation ou la demande, débuter le message en illustrant le bénéfice que la personne gagnera pour obtempérer à votre proposition.

Délimiter clairement les objets négociables de ceux qui ne le sont pas : dans le